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L'artisanat: meilleure facon de consommer?
L'artisanat: meilleure facon de consommer?
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14 mars 2023

D'où vient l'artisanat ?

  Les métiers artisans peuvent paraître archaïque pour la population actuelle et elle peut être réticente à l’idée que l’artisanat puisse combler les besoins d’une population. Pourtant la société a déjà fonctionné sous le modèle artisanal, seulement il est vrai que les besoins et la taille de la population ont changé, le principe artisan est à l’origine un complément de l’agriculture, qui rempli les besoins vitaux d’une société (parcheminiers, orfèvres, maréchaux-ferrants, forgerons…). De nous jours, il serait difficile de renoncer aux choix extrêmes que présente la mondialisation.

  L’artisanat depuis toujours a su répondre aux besoins de la population, notamment depuis le moyen-âge. Les artisans, bien souvent serfs, étaient affranchis voir fieffés si leur travail se trouvait être bon, et se réunissaient en confréries ou guilde, afin de jouir d’une protection. L’artisan s’avérait souvent être religieux et exerçait le métier dans une raison de plaire aux divinités. Des corporation ou coopérative apparaissent à la fin du XVIIe siècle, afin que les artisans puissent être mis en relation avec d’autres d’artisans. Cependant certaines lois vont empêcher le développement de l’artisanat, notamment la loi Chapelier qui, en 1791 interdit les corporations et pénalise toute initiative visant à réunir des corps de métiers afin de collaborer. Cette loi empêche la croissance de l’artisanat car les artisans ne peuvent plus échanger sur les différentes manières de faire (bien que des secrets de fabrication étaient souvent bien gardés !) et ainsi avancer ensemble pour trouver des processus de productions plus efficaces et artistiques. L’article 2 de la loi Chapelier illustre la loi qui se voit être destructrice pour le secteur artisan : « Les citoyens d’un même état ou profession, les entrepreneurs, ceux qui ont boutique ouverte, les ouvriers et compagnons d’un art quelconque ne pourront, lorsqu’ils se trouveront ensemble, se nommer ni président, ni secrétaires, ni syndics, tenir des registres, prendre des arrêtés ou délibérations, former des règlements sur leurs prétendus intérêts communs. ».

  Près de 70 ans après, la loi Ollivier(1864) rentre en vigueur et rend le droit de coalition professionnelle aux ouvriers, artisans, entreprises… et permet à ceux-ci de bénéficier des vertus de la coalition, qui selon le fondateur de loi Émile Ollivier, réduisent les risques de grèves en prônant la libre négociation, l’enjeu étant selon lui : « d’amener les transactions nécessaires entre le capital et le travail, l’apaisement des haines, le développement harmonieux de l’industrie et la fin des grèves », profitant donc pleinement à l’artisanat qui se développe plus largement depuis.

  L’artisan fut classé en différentes catégories : apprentis, varlets et les Maistre, aujourd’hui, l’artisan peut être labelisé selon sa qualité de travail : artisan, maître artisan, artisan d’art, maître artisan d’art … L’artisanat développe cependant de nouveaux labels pour promouvoir les métiers et le respect de l’environnement : notamment répar’acteurs qui met en valeur la réduction des déchets dans le secteur de la réparation, en priorisant les réparations plutôt que le renouvellement du matériel.

  Cependant il peut se poser la question : l’artisanat est-il un statut ou une vocation ? L’artisanat est parfois « hérité » dans le cadre familial ou local, le futur artisan est donc formé par des personnes proches de lui et lui transmettant le savoir faire directement en faisant perpétuer des manières de faire, pourtant certains se forment sous forme « autodidacte » ou par formation scolaire ou emmêlant des savoirs faires d’artisan et créant souvent des innovations ou des mélanges de processus. L’artisanat peut donc se définir comme une vocation mais aussi comme un statut, car l’artisan est reconnaissable et se place dans des critères bien particuliers (maîtres artisans, répar’acteurs…)

  L’artisan est donc toujours dans un système hiérarchique en perpétuellement mouvant et les apprentis existent toujours, des formations se multiplient et les artisans sont de plus en plus pour l’intégration des apprentis au sein de leurs entreprises, désormais, tous les champs professionnels sont éligibles à l’apprentissage, selon le ministère de l’éducation. L’apprenti de nos jours possède plus de privilège qu’autrefois : il est donc payé, possède des congés payés, doit cotiser et peut profiter des allocations de chômage.

Consommer autrement passe donc par une plus ample connaissance du système économique dans lequel nous nous trouvons, et passe par un choix remettant en cause le bon sens et la raison de la population.

sources:

Denis Chevallier et Louis Leretaille, « artisanat », site Universalis Education (en ligne), consulté le 17 mars 2023 – disponible sur : https://www.universalis-edu.com/encyclopedie/artisanat/

Serge Le Roux, « L’artisanat est-il l’avenir du système industriel ? Vers une théorie de l’artisanation de la révolution informationnelle », article dans Marché et Organisation (n°1) pages 55 à 71, publié en 2006

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